we're finding our voice ★ abbie&becca

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abbie&beccaFini. Je devais absolument rentrer chez moi plus tôt aujourd'hui afin de passer un coup de fil à ma mère qui attendait que je lui confirme ma présence ce week-end pour rajouter mon granola préféré à sa liste de courses même si, au fond, on trouvait bien assez de nourriture comme ça dans leurs placards, et que j'adorais ses oeufs brouillés au bacon. Toutes ses copines se plaignaient que leurs enfants ne venaient plus les voir, alors elle profitait de mes visites pour me gâter et me montrer que ça lui faisait grand plaisir. Je faisais toujours attention à remettre mes crayons dans leur boîte, et ne pas laisser trop de bazar sur mon bureau que je devrais ranger dans tous les cas le lendemain matin avant de faire autre chose. Je détestais me sentir envahie par des tas de trucs inutiles, il fallait à tout prix que tout ce que je touchais ou qu'on m'empruntait reprenne sa place. Une vraie fée du logis comme dirait mon père. Il comptait toujours sur moi pour mettre de l'ordre dans ses dossiers. J'attrapai mon sac à main, trop lourd pour ce que je m'en servais, et je saluai le reste de mes collègues qui faisaient des heures en plus. En réalité personne ici ne comptait ses heures, on aimait notre métier et on s'assurait que la nouvelle collection brillerait de mille feux. Forcément, ils me lancèrent tous un regard surpris, pour une fois je ne partais pas la dernière de l'agence, ils devraient se débrouiller eux-mêmes pour éteindre toutes les lumières. Je rentrais chez moi en métro par habitude plus que par flemme et aussi parce qu'à force de faire des allers-retours en talons toute la journée entre les différents étages mes pieds me faisaient souffrir. J'essayais toujours de m'asseoir, avec mon peu d'équilibre ça m'évitait de tomber sur de parfaits inconnus. Bon cette fois, je le prenais en heure de pointe, mais un gentil monsieur me laissa me tenir à la barre derrière lui. Je devais faire des grimaces vraiment bizarres pendant que je me concentrais de toutes mes forces pour rester debout. Je ne pouvais pas retenir mon soupir de soulagement quand le métro s'arrêta à ma station, relissai mes cheveux et les plis de ma robe toute neuve et je fis des petits signes de main à l'enfant dans sa poussette qui venait de passer le trajet à me regarder. Il semblait adorable, même si on disait de ces chipies qu'ils faisaient tourner leurs parents en bourrique. J'arrivai près du numéro 30 de ma rue que je devais remonter depuis la fin. Je croyai reconnaître la brunette qui traversa le trottoir devant moi. "Oh mon Dieu! Becca, c'est ça? Si je ne me trompe pas tu n'as vraiment pas changé..." Je gardais toutes mes vieilles affaires dans une boîte sous mon lit dont mes photos de classe. Comment pouvais-je vivre là depuis quatre ans et découvrir aujourd'hui peut-être que j'habitais juste à côté de ma meilleure amie d'enfance?